Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/61

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manche, caresser la tête ébouriffée du petit Harry. Je l’avais vue donner une tartine de confiture à un autre bambin ; je l’avais surprise accoudée sur le clavier de son piano, ne s’apercevant pas que sous son coude, s’échappait une fusée de notes discordantes. Puis, une fois que le docteur Hortwer lui avait dit : « Miss, n’avez-vous jamais pensé au mariage ?» elle était devenue rouge, elle s’était embarrassée dans une réponse qui n’avait aucun rapport avec la demande du docteur.

Ces idées assiégeaient mon cerveau ; je poussais mon aiguille avec moins d’ardeur dans ma tapisserie ; une pauvre tapisserie dont les manques auraient pu faire l’histoire de mes distractions.

La chaleur était lourde, dans les intervalles des persiennes, on voyait rayonner l’air comme s’il eût été embrasé : ses zigzags dans le vide fatiguaient mes yeux. En face de moi, le gros chat de la maison dormait en rond sur son coussin ; il avait mis sa patte au-dessus de ses oreilles : sa bouche était entr’ouverte par un sourire de chat plein de béatitude. Mes pelotes de laine, autour de lui rangées, lui fai-