Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/65

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d’accrocs ; une traînée de rouille la bordait dans le bas ; ses boucles étaient un peu en désordre, mais elle avait l’air joyeux ; ses yeux brillaient beaucoup.

— D’où viens-tu ? murmurai-je en me rajustant.

— Je t’ai fait peur, Ellen ?… Je viens de l’usine…

— Comment, de l’usine ? À cette heure on n’y travaille pas ; les ouvriers dorment ou mangent. Je croyais que tu étais dans ta chambre.

— Oui, j’y suis allée pour dormir, mais la migraine m’en a empêchée. Alors, je suis sortie, je me suis promenée de côté et d’autre. Il n’y avait de l’ombre que dans les cours des forges : j’y suis allée.

— Ah !

Je repris ma tapisserie. Elle ôta le chat de son coussin, le mit sur mes genoux et s’assit à sa place, tout à fait à mes pieds.

— Figure-toi, dit-elle en s’appuyant sur moi, que je viens de jouer aux cartes ! Oui, j’ai joué aux cartes… Tu ne devinerais point avec quels partenaires !