Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/67

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qui étaient attablés me tournaient le dos. James m’aperçut, en levant la tête pour dire quel était son enjeu ; c’était une somme assez ronde ; on voit qu’il se soucie peu de perdre son argent. Il me vit et me salua. Tous les autres se levèrent.

— Voulez-vous vous mettre dans notre jeu, miss ? dit le contremaître en souriant.

Je répondis oui. Il faut que tu saches que James n’est plus mal élevé avec moi. Il cause volontiers quand je lui adresse la parole, les gens de l’usine me font bon visage aussi ;

bien qu’ils n’aient pas pour moi le même respect que pour mistress Veedil, ils essaient de m’apprivoiser. Ces gens ont des mœurs intéressantes ; leur rude conversation m’apprend des choses tout à fait risibles. Je t’assure qu’au lieu de froisser les petits, comme tu me le reprochais autrefois, j’ai du plaisir à les regarder de près.

Je pris des cartes, mais sans m’asseoir. James comprit ma répugnance pour le banc graisseux de ces hommes, il entra chez lui et rapporta une chaise. Je serrai les plis de ma jupe autour de moi, pour ne point trop toucher à tout