Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

j’entrai dans la mienne. Juliette vint pour me déshabiller.

— Non, lui dis-je, au contraire, donnez-moi une robe plus chaude ; je vais écrire quelques lettres qui sont en retard pour les affaires. Ne m’allumez pas de feu ; allez vous coucher ; moi, je dois veiller à cause de mon mari.

Juliette me mit une robe de velours, garnie de bandes de fourrure, qui était toute ouatée ; je glissai mes pieds dans une chancelière. Je commençai à écrire après avoir recommandé à ma femme de chambre de laisser la porte ouverte pour que je pusse entendre mon mari. Juliette se retira en murmurant :

— Mistress prendra du mal à un régime pareil.

J’avais à peine terminé une lettre, lorsqu’il me sembla qu’au sein des rafales, immense sanglot de l’hiver, un autre sanglot, plus faible mais plus humain, s’était élevé. Je posai la plume, j’écoutai : ces pleurs ne venaient pas de la chambre de mon mari. Une voix étouffée parvint à mon oreille ; on murmurait : « Dieu bon, aie pitié de moi ! » j’entendis encore :