Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/93

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— Mais vous êtes donc un monstre ?… Madge, cette enfant, ce trésor de grâce et de beauté, cette jeune fille que le baronnet sir Charles Stow, eût été si fier d’avoir pour compagne, vous ne l’aimez pas ! Vous dédaignez Madge, vous, un garçon sans famille, sans fortune, sans conduite !… vous, qui iriez en prison, si je le voulais !… vous, un ouvrier grossier et sans mœurs !… Ah ! Dieu, ne me redites pas cela, ou j’oublie que notre honneur dépend de vous et je vous fait chasser par mes domestiques !

Je retombai, brisée, sur mon fauteuil. James, pâle de rage, posa sa main sur mon épaule :

— Mistress, dit-il, prenez garde ! Je sais que vous me haïssez et que vous n’hésiteriez pas à faire ce que vous venez de dire, si je n’étais l’amant de votre sœur. Mais, je n’ai rien à perdre ; vous êtes tous moins puissants que moi, l’ouvrier grossier et sans mœurs !… Si je veux, je réduirai d’un mot votre arrogance ; si je le veux, j’irai chercher Madge et vous la verrez se suspendre à mon cou, comme hier soir, et me demander humblement ce que vous exigez comme si vous étiez au-dessus