Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/97

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d’une famille riche et distinguée, vous !…

Je m’arrêtai, étouffée par les larmes de la honte ; il me fallait acheter en quelque sorte la pitié de cet homme !

Il secoua la tête.

— C’est bien étrange, mistress, mais je préfère encore cette autre femme à celle-ci !… Enfin, je vous l’ai dit ; j’épouserai votre sœur, mais je ne veux l’épouser que dans un mois ou deux… Je veux être libre, jusque-là, et vous, de votre côté, je ne veux pas que vous parliez de ce mariage à votre père.

— Un mois ou deux, dis-je avec stupeur en retirant brusquement mes mains des siennes, mais vous êtes donc le plus lâche des misérables ? Vous voulez nous tuer lentement toutes deux ?

Il me regarda en souriant.

— Allons… je vous fais grâce d’un mois !… Dans un mois, je serai l’époux de miss Veedil.

Mon cœur battait à rompre.

— Que pensera-t-elle lorsque je lui dirai que vous voulez attendre.

Il se mit à arpenter le bureau