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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/107

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une heure ? J’ai acheté moi-même le croissant en question et je ne l’ai pas eu pour moins de cinq beaux billets bleus.

Je me promène dans une terrible agitation. Je sais bien qu’il a été convenu qu’elle prétendrait l’avoir acheté chez Lère-Cathelain et qu’elle se munirait d’un écrin portant cette marque… cependant le bijou est vrai, que diable, ou c’est le mari qui ment.

— Monsieur Noisey, une objection…

Je m’arrête, suffoqué.

— Quoi ? Il faut bien la laisser s’amuser avec le toc, puisque le toc l’amuse… c’est comme vos livres et les amours dans les étoiles, et quand ça ne me coûte pas plus cher !…

— Sacredieu, mon petit Noisey, ce bijou…

Je reste béant. Une idée ! Elle aura revendu mon croissant vrai pour en racheter un faux devant lui… et c’est le faux qu’elle porte… Je me rappelle que la dernière fois, il avait un tout autre aspect… cela m’a frappé… alors qu’aura-t-elle fait de la différence ?

Je suis au bout de toute ma patience, je m’y perds et j’ai la sensation d’être cocu à mon tour.