Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

narines au feston mince ont frémi et on a passé plus vite.

Maintenant, on est en plein carnage.

Des cadavres sont entassés avec des chevaux, des chars, des tours chues, des éléphants crevés par des flèches qui les hérissent et les font plus monstrueux.

Tout est horriblement calme.

Le sable a bu le sang et le soleil a mangé les yeux fixes qui ne purulent plus. Des armes brillent, très éclatantes, sous les rayons de la lune. Au loin, on entend hennir un cheval qui agonise… il se tait, brusquement.

La cour demeure silencieuse.

Il est bon qu’une jeune reine voie les résultats d’une guerre.

Tout à coup, dans le grand calme de cette nuit subitement tombée sur les morts et les choses perdues, un petit son de métal…

C’est Cléopâtre qui a pris les cloches d’or de ses seins et les heurte.

Les deux esclaves, à ce signal, se lèvent et offrent des parfums, car une senteur effroyable de chairs se décomposant est montée jusqu’à la princesse.

Un Chaldéen psalmodie des paroles lentes