Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/122

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Et l’on revient, les hommes songeurs, la reine écoutant la toux rauque du prisonnier râlant sur sa chaîne, du prisonnier dont le long corps gracieux s’allonge le long du sable en traçant un sillon rouge.

Au palais, la reine rentre sans dire qu’on l’achève.

Des jours passent…

Et il guérit.

Il n’a plus de dents, sa patte de derrière racle un peu les marbres en marchant et il est devenu familier.

Superbe encore, gracieux, très digne souvent, quand il gronde, il joue avec la jeune reine dont il a l’humeur froidement cruelle.

Un matin, sur un signe, il étrangle le petit nègre dont les yeux tristes se meurent de langueur depuis longtemps.

Il l’étrangle de ses mâchoires édentées, mais rendues plus féroces par la jalousie.

Il ne peut pas y avoir deux favoris à jouer près de la même couche.

Dans les jardins, il ravage des fleurs et ne reçoit que le fouet, parce que, décidément, la jeune reine lui permet tout.