Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/127

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Elle a tourné les yeux et j’ai vu se lever les astres noirs de mes désirs.

— Tiens, c’est vous, le maboul ? a-t-elle dit tranquillement.

— Oui, c’est moi, le fou, en effet. Je ne vous dérange pas ?

Elle a haussé les épaules et m’a montré son lit, d’un air froid.

— Asseyez-vous… ou couche-toi, comme tu voudras. Je suis guérie.

Elle avait une voix sourde qui me faisait très mal.

— Je suis venu pour vous demander de vos nouvelles uniquement… Et pour savoir si vous aviez besoin de moi.

— Quel béguin ! C’est pas sérieux, j’espère.

J’ai été surpris de sa logique. Elle comprend qu’elle me plaît surtout parce que je ne marche pas, selon sa canaille expression.

― Vous êtes guérie ? Ah ! tant mieux…

Je m’assieds près de son pied nu et je le regarde. Elle a un pied exquis, cambré, petit, souple, on passerait sa main dessous entre la plante et le plancher, sans en déranger le talon ni l’orteil. Il est d’un blanc