Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/141

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Là, au coin, dans un petit cadre de paille, il y a une photographie, une mauvaise photographie faite à la foire de Neuilly ou en banlieue, par un jour de décembre. On voit une tête de soldat, un affreux voyou qui a dû mettre, avant son entrée au régiment, un képi plus regrettable.

Affreux ? Non. Jeune et très quelqu’un avec son masque diabolique, ses yeux sournois, sa bouche grimaçant en gueule de bête carnassière.

Le tigre !…

Le mâle de cette femme qui ressemble à Cléopâtre.

— Qui, ça ? ai-je dit en désignant le cadre.

— Mon frère. (Elle ajoute, plus bas :) Non, un cousin, un parent à moi.

— Tu ne sais plus si c’est ton frère ou ton cousin ? Drôle de parenté !

— Laisse-moi tranquille. Je te dis que tu m’embêtes, à la fin !

Très assorti, le couple. Un de plus, un de moins… celui-là doit lui en prendre au lieu de lui en donner.

Je rage. Celui-là, c’est celui qu’elle aime. J’en suis sûr.