Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/147

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— Bonjour, ma Thilde ! Vous avez les mains moites. Pourquoi ?

Nous nous sommes assis dans le grand canapé du salon sur lequel mon amie aime à prendre des poses Récamier en regardant son piano.

— Louis, m’a-t-elle déclaré fort grave, vous m’avez trompée.

Ce ne sont plus les maris qui savent tout, maintenant, ce sont nos maîtresses.

L’existence va devenir intolérable.

Je me suis levé vivement et j’ai arpenté le tapis de la lyre d’or du ministre, placée sur la cheminée, au portrait du ténor célèbre, mon prédécesseur, qui, grâce à sa célébrité, ne choque pas trop dans ce salon d’artiste.

Étonnant comme le froid de l’hiver pénètre sous les portières, aujourd’hui, jour de réel printemps.

Vent, pluie, grêle ; on entend des bêtes furieuses gratter aux vitres et cherchant à se précipiter malgré les rideaux de tulle…

Moi, je cherche une phrase et je reste court.

— Thilde…

Je la regarde. Elle est très belle. Toujours