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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/17

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mon orteil droit s’élance en fusée un nouveau frisson d’épeurement qui se tord le long des muscles de ma jambe, me coupe le jarret, me scie la rotule, étoile mes os d’un point électrique. Dans la cuisse le frisson meurt et, en expirant, souffle mon sexe comme j’ai, là-haut, soufflé ma bougie. Une seconde, mon cœur cesse de battre. Je fume sans goût et j’ai la bouche sèche. Je serre les dents. Il faut peu de chose pour me désorienter. Un moment, je prends les becs de gaz pour ce qu’ils sont et la rue pour ce qu’elle vaut, une vilaine rue, corridor de la mort de tout le monde.

Je marche plus vite. Mon cerveau remonte au-dessus de la fumée d’incendie. Est-ce que je vais aller loin comme cela ? C’est absurde. Je pense à un café pas luxueux, où on entend râcler des mandolines jusqu’à trois heures. Il y halte, de semaine en semaine, quelques camarades : Andrel, Massouard, Jules Hector, souvent leurs femmes. (D’ailleurs jamais les mêmes femmes.)

Ce que je cherche, c’est une détente de nerfs. D’abord cette peau d’orange… puis, une discussion sur des idées générales en