Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/174

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Puisque tu marches volontairement courbée sous toute l’existence, c’est que tu en as reçu la mission. Tu dois expier des gloires farouches. Si je comprends pour toi, de quel droit vais-je t’accuser ? Ne me garde pas rancune, dis ?

Un petit frisson de sa bouche, ses yeux qui se ferment, mais elle se tait.

— Je voudrais bien t’avoir fait de la peine aussi… Reine !

Je boude.

Nous marchons un moment silencieux.

— Alors, vous écrivez des livres ? Faudra m’en prêter un. Je vous le rendrai.

Je remets mon bras sur ses épaules

— Tu lis donc quelquefois ?

— L’hiver… en attendant… (Elle hésite.) Pour ne pas avoir envie de bâiller toute la nuit. J’ai déjà lu les Trois mousquetaires, la Dame aux Camélias et (elle cherche) des chansons de Monsieur Frédéric de Musset.

Je suis un peu interdit.

Je ne lui prêterai pas de livres.

— Frédéric de Musset… Tu ne te trompes pas, bébé ?

— Non. C’était des vers, je me rappelle