Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/21

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pourtant unicolores. Elle a du jais, de l’acier, de l’or, des perles blanches, des perles vertes, des arabesques d’argent et des grains de corail… et tout est noir. Ce que l’on peut trouver au fond d’un tiroir de maniaque ou d’un nid de pie, elle l’a cousu, collé, imprimé sur sa poitrine plate. Ce sont des bijoux exaspérés. Ils ont l’insolence d’un défi. Ils sont énormes, fantastiquement faux, émaillés de soupirs et de larmes. Je rêve qu’il y a, parmi eux, des dents d’ours. Je suis certain d’y voir des prunelles d’enfant.

Je pense :

La pierreuse aux pierres. Ce serait un titre de nouvelle.

Stupidement, j’ai posé ma main sur ce corsage. Je persiste à ne pas entendre ce qu’elle me dit, qui révolterait un soldat.

— Voyons, tais-toi, et laisse-moi examiner ta devanture, ma fille. Il y a de l’art de pécheresse là-dedans. Le miroir aux alouettes. Je parie que tu as fabriqué cela toi-même ? Un vrai travail de femme arabe. Mes compliments.

Elle se tait, anxieuse. Je lui représente une grosse alouette.