Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/215

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en petit, la scène de l’inquisiteur menaçant de la torture qui ne sauvegarde pas l’argent pour la plus grande gloire de Dieu. Cette scène-là peut s’intituler : Quotité disponible.

Mon flair de fauve ne s’y trompe pas.

J’entre chez Mme Chasel pour la seconde fois depuis quinze ans.

Oh ! l’oubli lourd de ceux qui ont aimé des femmes et les laissent mourir loin, dans le manteau troué de leur vieillesse !

La chambre est sombre.

Je reconnais peu à peu les tentures de damas bleu pâle, et le pouf où la levrette arrondit sa patte, et le petit meuble de laque sur une console, un cadeau de moi, enfant. Je reconnais le tapis, si usé, les potiches en vieux Sèvres, la pendule, avec, dessus, deux amours de bronze couronnés de roses d’or.

Elle est couchée au fond d’un lit très vaste, sous un amoncellement de couvertures et d’oreillers.

Elle a toujours froid, me dit-on.

— C’est donc toi, Loulou ?

Oh ! cette voix cassée, trémolente, cette voix de femme perpétuellement effrayée par