Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/218

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bien d’être venu, Loulou (elle se soulève péniblement et me regarde effarée). Voyons, toi, qui ne m’as pas examinée depuis longtemps ? Examine-moi bien… Est-ce que je suis si, si malade ? Réponds sans mentir, Loulou.

— Tante, tu es folle ! Toujours folle ! Tu as la mine heureuse de quelqu’un qui se dorlote, voilà tout ! Tolérez-vous qu’on vous embrasse ?

Elle semble chercher dans sa mémoire pourquoi cela ne serait pas tolérable. L’égoïste préoccupation de sa fin prochaine l’empêche d’avoir aucune lucidité d’esprit. Elle sent, vaguement, que j’étais un très mauvais sujet, un gamin mal élevé, (surtout par elle). Oui, elle y est, à présent : un neveu capable de tout, fabriquant des étoles avec les rideaux du salon ponceau.

— Mon Dieu, comme tu as grandi, Loulou, et engraissé. Tu as l’air d’un homme… raisonnable. Je t’ai laissé moutard. Dis donc, on met des jaquettes gris perle, maintenant, et à revers de soie ? Une mode que j’ai connue et qui revient. C’est singulier ! Moi, tu sais, je ne sais plus rien, on ne me visite