Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/228

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— Une fantaisie… tu sais les malades ont des idées si bêtes ! Figure-toi que j’ai pris goût à l’odeur du tabac depuis que je tousse !… Eh bien ! tu ne vas pas rire, j’ai envie de sentir de la fumée. Oui, moi qui t’ai tant défendu les cigarettes, je voudrais te voir fumer chez moi… pour te bien prouver que je te pardonne toutes tes sales inventions de gamin.

Sentir de la fumée ?

Je la regarde tristement.

Elle rit, déjà retournée à son rêve de vieille que la peur de l’enfer talonne.

— Dame ! Si je dois brûler dans le purgatoire longtemps…

— Petite tante, vous êtes toujours frondeuse. Vous voulez toujours jouer aux choses défendues. Un homme ne doit pas fumer devant une femme comme il faut, vous le savez bien.

— Eh ! tu m’agaces. Je ne suis pas une femme… comme il faut. Je suis trop vieille. Obéis-moi, mauvais garçon du diable !

— J’obéis, ma tante, j’obéis.

Je cherche un cigare, des allumettes, en me penchant un peu en arrière de ses rideaux.