Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/28

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de ses yeux, et c’est ce rayon qui éclaire tout, le contraste de ce blanc avec ce hoir intense. Elle va parler. Il faut que je l’empêche de parler. Ai-je, oui ou non, le droit de ne désirer que les yeux de cette fille ? Clore sa bouche, tout de suite…

Si ce que j’appellerais la force donjuanique existe, il faut que cette fille sache quel genre d’ivresse m’amène ici, et s’il est nécessaire de pousser le ridicule jusqu’au crime, je me sens capable de l’étrangler pour l’empêcher de parler. Je ne tiens pas essentiellement à ce que ce soit moi qui crève de l’aventure.

Dans quel singulier esprit j’envisage les choses ! Je ne suis plus maître de mes nerfs. Je tremble, je n’ai pas froid (il y a du feu). J’ai mis mes ongles dans mes paumes. Mon pardessus me gêne et je n’ose pas l’ôter. Si nous étions trois, je serais tranquille. J’ai envie de tuer. Cela dure une minute.

Elle vient à moi, sans parler, m’ôte mon pardessus, sans sourire.

Ah ! non ! Mille fois non, je ne veux pas de la reine Cléopâtre pour servante !

Et c’est moi qui parle. Qu’est-ce que je