Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/282

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— Oh ! Reine, est-ce que tu reviendras ? Au moins, ne m’abandonne pas complètement.

Elle me regarde, ses yeux sont fixes, de nouveau, très durs. On dirait qu’elle ne me voit plus du tout.

— Pauvre petit homme, ça me fait tant de peine… tant de peine.

On ne sait pas si elle parle de lui ou de moi.

— As-tu besoin d’argent, dis ?

— J’en ai bien de trop… et il y a le turbin.

— Reine… tais-toi… Je te supplie de te taire.

Je pleure.

Je n’ose plus ni la retenir, ni la chasser, ni la toucher.

Je n’ai pas de volonté devant elle.

Elle me caresse toujours la poitrine, puis se recule ; je sens ses yeux fixes brûler mon pauvre cœur, mis à nu.

Elle s’en va !

Je relève la tête, horrifié.

Sur le seuil, elle s’arrête, s’appuie contre la porte ; j’entends comme un petit bruit d’aile, sa jupe qui frôle… Elle est partie.