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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/38

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furieusement méchant au fond des prunelles.

J’ai énervé la panthère et sa griffe royale va me marquer au front.

Tout d’un coup je songe que je suis idiot, non plus seulement ridicule, mais embêtant.

Que ce soit ma chimère ou une pauvre pierreuse, je n’ai pas le droit d’être dédaigneux.

Je suis sur la pente de toutes les sottises. Je n’ai pas le désir charnel de cette fille qui semble m’avoir enchanté, mais je vais être poli. Ce ne sera pas, je crois, très difficile.

Elle ricane toujours.

Je m’avance les bras tendus, les mains folles.

Elle cesse de rire, ses yeux brillent et, brusquement, elle me montre la porte :

— Non. Va-t’en… Pas toi… Va-t’en… je suis malade… et ce cadeau-là, je veux pas te le faire, imbécile !

Je vois toujours son bras levé, son poing crispé vers la porte et ses yeux de reine qui récompense ou qui se venge.

Oui, j’ai vu, cette nuit-là, le geste de beauté.