Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/47

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voir à cause des règlements, mais un interne a pris votre carte. Il connaissait votre nom et s’est chargé du bouquet… N’y a pas de réponse.

— Merci, Joseph.

La portière est retombée ; j’ai froid.

Il me semble que je viens de jeter mon anneau à la mer.

Chez Thilde.

Elle reçoit le jeudi. On fait naturellement beaucoup de musique. Avant la réception officielle, nous dînons en tête à tête et nous causons. Elle est en face de moi et me sourit. Sa bouche a une expression de bonheur, voluptueuse, très douce. C’est pour cette expression de bouche que j’ai désiré qu’elle fût mienne. Je me suis aperçu qu’elle la tendait à tout le monde en jouant du piano, et cela me l’a un peu gâtée dès l’aurore de notre union.

Je ne suis pas poète en littérature, mais je me réserve de l’être dans la vie où il semble que la poésie manque plus particulièrement. Je n’aime point qu’une femme artiste se donne artificiellement plus qu’il ne convient, car… elles ne font jamais rien avec mesure