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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/49

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même celles qu’on réserve pour le monstre Pleyel, c’est-à-dire l’expression de bouche, au moment précis choisi par moi ; je suis à présent moins gai, j’ai faim, et, quand je parle, mes mots se hérissent, à la dernière syllabe.

— Louis, vous avez vos nerfs ?

— Si vous y tenez… j’ai des nerfs parce que vous me dites des bêtises de femme d’esprit depuis une heure. Pourquoi me servez-vous de la copie comme ça ?

— Et… avant ?

— Avant, vous ne disiez rien… c’était plus drôle.

— Louis, vous vous oubliez… je ne suis pas une femme drôle, moi.

Cela est exact et elle peut ajouter qu’elle n’est pas non plus une femme tragique C’est une bourgeoise manquée, elle a un amant comme elle aurait un mari et elle ne me trompe pas (ça, j’en suis sûr) parce qu’elle n’aurait pas davantage trompé son mari.

Elle est très belle, entre vingt-cinq et trente ans. Une chevelure châtain doré, abondante et ondulante. Des yeux couleur d’amande, de jolies dents.