Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/53

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Hector, que j’ai introduits, successivement, pour pouvoir causer.

M. et Mme Noisey, que j’ai introduits aussi, doivent venir vers onze heures. Julia ne joue pas du piano, mais elle cultive un joli filet de voix, on dirait le murmure d’une fontaine de vinaigre.

Le salon est grand. Trois fenêtres voilées de stores vénitiens, un Pleyel énorme, le monstre. Des lampes en urne, une lyre d’or sur la cheminée, offerte par un ministre pour un morceau joué chez lui, des fleurs en paniers, en gerbes, les miennes dans un vase de Sèvres, et mes livres, très en vue, trop. Le portrait à l’huile d’un ténor connu au mur, grandeur naturelle, et de superbes photographies d’Otto dressant ses principaux rôles dans tous les coins. Tapis turcs, nombreux et moelleux.

Le premier arrivé, je m’installe par terre à feuilleter les albums, je m’ennuie.

Elle rentre, seconde arrivée, en costume mauve à traîne, chevelure plus relevée, bras nus. Elle n’a jamais pu se défendre d’être au concert chez elle. Il s’agit, du reste, de faire honneur à son piano.