Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/55

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ces petits théâtres. Thilde, rageuse, pétrissait son mouchoir. Elle saluait, répondait machinalement et songeait qu’elle n’aurait pas vingt-cinq francs pour payer cet acompte. Elle était vraiment fort désirable. Dans les coulisses, après l’ovation de rigueur, une crise, des explosions de larmes, et les injures de l’électricien. Comme je suis derrière un portant, j’entends tout, j’en profite lâchement. Je paie l’électricien d’abord et je console ensuite. Dans une loge, Thilde est étendue, le corsage déboutonné, les cheveux au diable, et l’ouvreuse lui bassine les tempes. C’est navrant, pas préparé. Je m’excuse, j’entre, je joue le morceau que je sais : prélude courtois, andante timide, arpège sur la chevalerie décidément disparue de nos mœurs, et final de chaleureuses preuves de dévouement.

— Oh ! Monsieur, je vous le rendrai dès demain… non… non… je ne souffrirai pas… pour qui me prenez-vous ?…

Elle est conquise, seulement, je suis plus amoureux que de coutume, je crois que c’est la bonne fois, le coup de foudre, et quand elle se remet à caresser le monstre, je fiche