Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/7

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Je vais essayer… Nous allons réagir. De l’absolu mort faire naître l’absolu vivant, et, seul, me comprenant, je me suffirai.

Me comprenant ?… Dès que je vis je ne comprends plus rien.

J’ai allumé une bougie, près de ma bibliothèque. Je m’habille. L’homme qui s’habille vers une heure du matin a l’air tragique. Mais je suis heureusement libre d’avoir cet air-là. Tout repose dans mon appartement, et tout demeure en ordre malgré que je passe. J’ai souvent remarqué cet ordre extrême autour de moi, murant, sous des masques de lignes symétriques, un redoutable désordre me guettant. J’ai besoin d’ordre comme le fou a besoin de douches et s’y soumet avec une grande répugnance sachant sa peine perdue. Mes livres sont rangés, pris et repris cependant tous les jours. Leurs dos, froids, ont l’hostilité de gens conviés à des cérémonies. La lueur de la bougie danse un pas souple et distribue l’auréole de l’un à l’autre. Le long de la vitre, qui les garde du monde en un frigorifique imité de la Morgue, il en est de verdis par