Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/85

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— Pardon ! Rends-moi ma monnaie alors.

Elle est d’aplomb, lisse, proprette, et à part un pli dans les bouffants de ses manches et un autre, sous les yeux, elle est fort digne.

— Non !… Je me trotte. À lundi le dîner chez moi, c’est convenu, hein !

Je ne risquerais pas un viol, en ce moment, pour toute la littérature. Le mieux est de l’accompagner jusqu’à sa voiture, en s’effilant les moustaches, et en l’appelant : chère Madame, c’est plus facile.

Pendant que nous descendons l’escalier, moi, tenant un bougeoir, elle ses jupes qu’elle retrousse afin d’éviter d’accrocher ses dentelles au bout des tringles, elle me débite des choses monstrueuses, dans le cou :

— Si tu étais bien raisonnable, bien gentil, ce serait toujours comme ça et nous serions bons amis tout plein. Tu comprends, j’ai peur des gosses, ce serait une histoire que mon mari ne me pardonnerait pas, lui qui fait tant attention… Et puis, me vois-tu sans taille, malade, neuf mois et plus ? Un médecin m’a prédit que j’en mourrais… mets-toi ça dans la tête… si tu m’aimes. Non, tout l’amour, c’est vraiment sale. Vous