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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/9

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le vice et le besoin. » C’est Voltaire, le seul grand homme, toujours disponible pour une ligne, qui m’envoie ce charitable avertissement.

Oh que les grands hommes ont tort de se mêler de nos misères quotidiennes ! Cela les diminue d’autant. Je sortirai. La morale de Voltaire me chasse.

De ma fenêtre, dominant les quais, j’ai vu, ce soir, le soleil, défaillant, vomir des flots de vin sur toute la ville, et j’ai l’Orient dans les veines. L’Orient ! L’Orient ! La chaleur, des palmes, du sable, un sable qui poudre les fleurs et les femmes. J’y suis allé, j’en suis revenu. J’ai rapporté de là-bas la vision constante d’une certaine affiche gigantesque et hurleuse de tons, illustrant la célébrité d’un dentifrice : une aimée grossière, à l’écharpe tricolore, aux seins en pommes à cidre, montrant une double — que ne pouvait-elle être triplé — rangée de dents trop blanches, larges comme des pierres tombales, entre lesquelles dents d’ogresse les gamins du pays avaient, selon l’usage occidental, introduit, à coup de charbon, de quoi fumer. Et devant cette affiche, les épaules