Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/104

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je ne suis point mariée, c’est peut-être à cause de ma situation de fille comme il faut qui n’entend rien ni ne veut rien entendre du monde moderne.

J’ai donc toujours vécu dans ma maison de la rue Verte où l’herbe pousse entre les pavés, une rue douce aux pieds comme du velours. Ma maison ne possède pas d’yeux par devant. Les volets de sa façade, soigneusement clos, laissent entrer assez d’air pour que, les fenêtres ouvertes, on puisse respirer ou faire le ménage. Julie, ma bonne en tient les vitres nettes. Julie est une personne raisonnable qui me sert depuis vingt ans, sans toucher ses gages, que je place pour elle, remplie de prévenances les plus désintéressés (elle ignore la clause de mon testament qui la concerne), et elle ne s’est pas établie pour demeurer avec moi. Oh ! je sais qu’elle a ses manies ! Elle boit son café trop sucré — moi, je l’aime un peu amer, — elle ne laisse pas assez de jus à son poulet quand