Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/121

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jetait des cadavres, des cadavres qu’on ne pouvait plus enterrer. On voyait pêle-mêle, des enfants et des vieillards, des femmes, beaucoup de femmes, mais point d’hommes jeunes. Tous ces corps étaient habillés, quelques-uns de vêtements en lambeaux, tellement on les avait vite enlevés pour les lancer là-dedans ! Et les mouches, les sales mouches à viande, bourdonnaient autour. Des animaux domestiques galopaient en liberté : des chevaux, des bœufs, des moutons. Des gens couraient, les bras en l’air, comme pour se protéger la tête, et il faisait terriblement chaud… si bien que, sortie en marmotte, je dus ôter ma coiffure malgré qu’il ne fût point décent pour moi de me promener en cheveux.

Je compris enfin que ma trop fidèle servante m’avait caché la vérité, redoutant à mon endroit les effets de l’émotion, sinon le choléra ou la peste.

Comme je passais devant ce pharmacien