Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/128

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l’arc-en-ciel en écharpe, elles semblent tombées là d’un effroyable incendie céleste, d’une explosion du soleil ayant lancé sa colère en disques de ténèbres, en anneau de fumeur exaspéré, et elles tournent, dans ce gouffre, comme tournent les astres morts, par la force acquise, par habitude, peut-être parce que l’infini est une mécanique sans âme !

En réalité, ce sont d’honnêtes roues de moulin.

Du pont conduisant à l’entrée du château on les voit se mettre en branle au contact de l’eau vivante vomie par des serpents de bois. Elles bougent, d’abord incertaines de leur direction, puis prennent leur élan et accomplissent leur tâche. Elles s’éveillent sous la caresse perfide qui les pousse vers l’illusion de la durée, la caresse froide d’un être plus fort qu’elles, mesurant son élan pour mieux leur faire sentir l’éternité de son génie, de l’eau, principe de toute existence, de l’eau, le cerveau fluide et mysté-