Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/131

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paupières de ses deux volets misérables sous le regard de l’aigle, car elle est la maison de la mauvaise farine. On met là les moutures éventées et on prétend que tous les rats du pays s’y régalent — il y aura toujours des pauvres, n’est-ce pas ?

À gauche des roues du moulin, un bouquet de cristal s’épanouit, la moitié de la rivière qu’on n’a pas pu capter et qui fuit en s’offrant la fantaisie d’une cascade. C’est à la fois si épais qu’on croirait à des bouillons de sirop et si léger, si sucre filé, qu’on rêve d’un lustre de Venise suspendu par un magicien. On pourrait le toucher en se baissant, mais en y mettant le doigt la force du jet entraînerait sûrement le corps.

À droite de ce bouquet fantastique l’ombelle d’une fleur de persil sauvage, blanche et verte, cherche à imiter ce qui lui arrive dans la figure et elle reste minuscule, toute tremblante, agitée d’un intense frisson, de la folie du projet avorté.

Devant le rude gosier de la voûte, on