Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/133

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propriétaire : l’État. Là, dans une chambre du moulin, séparés cependant de l’entreprise commerciale du pain quotidien, l’homme et la femme logent aux pieds du colosse, ouvriers cordonniers eux-mêmes l’un et l’autre, ils le chaussent ou dénouent les cordons de ses souliers.

C’est un beau jour pour étudier les secrets féodaux ! Les nuages gris-rose flottent dans l’azur pour nous rappeler que la pluie de notre époque est spécialement tissée par le soleil. Dès qu’il paraît, elle se précipite à sa rencontre. C’est la trame où il en est réduit à exécuter des broderies de perles. Jadis, ah ! jadis, aux bonnes époques des suzerains, le soleil vivait à part dans un palais de vermeil éblouissant dont aucun regard ne pouvait soutenir l’éclat. À présent il se mêle à la foule des nuées, couche en des auberges louches et il en résulte de fâcheux mécomptes, des histoires de roi voyageant incognito, en habit terne, que l’on prend souvent pour un