Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/190

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méchant. Ses cuisses blanches et jeunes, sa tête blonde et pâle, sortent de son vêtement comme des amandes d’une écorce bourrue. Il a des pieds de singe, des doigts en serres d’aigle…

Hereld dirige le bateau, certain de ce qu’il fait, obéissant à des lois mystérieuses qu’on ne lui a point enseignées, ses regards toujours guettant son maître, Rohild, dont il est le serviteur et aussi le pilote. Il ne parle guère, ne chante pas, se contente de jouer avec les plus beaux poissons dont il aime à trancher le ventre, méthodiquement, pour ne pas en brouiller le fiel. Il serait sage comme Rohild, le pêcheur expert dans l’art de capturer le phoque, s’il n’avait cette habitude étrange de rire dès qu’il aperçoit du sang. Sur la côte, Hereld est renommé pour sa dextérité à hausser les voiles au plein vent des bourrasques et, malgré sa taille mince, on l’estime parmi les marins, mais on ne lui confierait pas volontiers un harpon. Il aura