Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/201

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déplace ? Elle était tout à l’heure vers l’Est, à présent elle est à l’Ouest… en face d’eux. Déjà on distingue ses grandes aiguilles s’allumant, sous le soleil, comme des cierges et les flots, de blanc de lait, deviennent blanc de neige.

— Amène la voile, s’écrie Rohild, qui a peur pour la première fois de son existence. Amène la voile… ou coupe la corde, Hereld !

— Non, murmure Hereld à son oreille. Toute la mer est rouge ! Nous l’aurons, morte ou vivante, nous l’aurons.

Il rit plus haut.

La banquise grandit brusquement, se creuse, à son centre, de profondeurs violettes et des pans de neige irisée s’écartent comme des écharpes lamées d’argent. C’est certainement un mirage, parce que la banquise ne peut pas arriver sur eux quand ce sont eux qui vont sur elle. Cela diminuerait trop les chemins libres et leur chance de salut !