Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/213

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saient au plus épais du bois comme des lavandières se racontant des choses tout en tordant leur linge.

Mon père descendit de cheval et muni de sa solide cravache, se dirigea vers le fourré où il disparut pendant que je gardais nos deux montures. Au bout d’un moment, qui me sembla bien long, il m’appela d’un ton triomphant :

— Viens ici, François ! Tu vas voir une bête puante prise par la patte ! Ah ! c’est un spectacle intéressant, mon garçon ! Inutile de t’évanouir car il y a mieux à faire.

Je me sentais peu à l’aise. Quand mon père triomphait il n’y avait généralement pas de quoi ! J’attachai nos deux chevaux à une branche et j’allai voir, le cœur sur les lèvres, ce qui pouvait l’enthousiasmer à ce point.

Un grand diable d’homme, très mal peigné, le visage d’une couleur de brique, prêt à la congestion, était plié, tel un arbre cassé, jusqu’à terre, tenu à l’épaule par