Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

gnait, la tête basse, flairant le sol. Il y avait là-bas, l’écurie, c’est-à-dire un chariot plein de fourrages, une corde, barrant la route du chariot à un piquet, réunissant toutes les brides nouées serrées. Les jets du feu dansant éclairaient tantôt une croupe brillante, tantôt la colère d’une prunelle. Le premier compagnon qu’il approcha lui asséna une ruade, le second, sans force pour le mordre, retroussa ses naseaux sur une rangée de dents féroces, mais trop longues pour désirer broyer autre chose que du foin. Tous ces chevaux velus, bourrus, s’unirent en une masse hostile, refusant la portion que ce camarade excentrique venait mendier. Le beau champion avec son habit blanc ! Et une secrète répulsion les éloigna de ce traîne-la-patte.

Les soldats contemplaient Zéphi, revendiquant timidement le coin de son repos, hochant la tête en cheval qui comprend la gravité de l’heure. Le vent de la nuit recourbait sous ses flancs pâles sa queue