Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/94

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netteté, venait d’apercevoir une tache rougeâtre mouvante comme un vague rayon de soleil dans la pâleur de l’aube.

Les soldats, remis d’aplomb par la perspective d’un véritable danger, calmaient leur monture, mettaient le pied à l’étrier. Au moins ce qui leur arrivait était la chose connue, celle qu’on attendait tous les jours, toutes les nuits. Leurs souhaits ordinaires se réalisaient.

Deux, dix, vingt taches rouges ensanglantèrent la pente de la colline sur laquelle se déroulaient les rubans pâles des premières clartés du jour. Déjà le soleil ? Non. C’était l’ennemi, les Anglais qui se précipitaient sur eux de toute la vitesse de leurs chevaux excités par les hennissements diaboliques.

Noll se plaça au centre de sa petite troupe.

— Mes enfants, dit-il, s’adressant malgré lui à son frère, l’honneur est sauf. Nous gardons le sol de notre pays.

La rouge aurore prenait possession du