Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/125

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Léon Reille essaya de saisir la statuette. Éliante la retira.

— Donnez-moi donc Mademoiselle Tchun-meï, s’écria-t-il impatienté. Je veux savoir pourquoi elle est double et pourquoi je m’imagine qu’elle vous ressemble ?

— Je vous l’expliquerai tout à l’heure, mon ami chéri. Mademoiselle Tchun-meï n’est pas seule de son espèce. Tenez, voici les sœurs jumelles.

Éliante lui offrit une mignonne femme couchée, qu’on eût dit en train de préparer un exercice acrobatique. Le corps n’adhérait à ce qui lui servait de lit de repos que par la nuque et les talons. Cette petite femme, parée des insignes du dragon, c’est-à-dire ornée d’une tiare gemmée en bleu et en vert de turquoises minuscules, ne cachait plus rien avec ses mains longues, franchement écartées, au contraire, et très indicatrices. Éliante fit tourner la statue et, de nouveau Léon en retrouva une autre, n’adhérant à son lit de repos que par sa nuque et ses talons. Seulement la même tiare gemmée servait pour les deux, l’une était en ivoire, l’autre en cire, et la tiare de l’idole recouvrait les cheveux de la femme, s’étageant au-dessus de son front en coiffure bouclée suivant toutes les sinuosités des insignes du dragon victorieux.