Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/150

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Le jeune homme ne s’appelait en rien Colmans. Ces demoiselles l’avaient surnommé ainsi à cause d’une vieille plaisanterie dont personne ne se souvenait plus. Il en était très fier, faisait le coq anglais, organisait des cotillons baroques, se rendait indispensable la nuit, et, le jour, trimait dans une étude en qualité de sixième clerc. Pour venir à la petite sauterie intime de Mme Donalger, il avait risqué une admonestation de ses patrons et ne savait point ce qui l’attendait au retour, le soir, pour les heures supplémentaires. Très rouge de teint, ramenant des deux côtés d’un front de vingt-trois ans de rares cheveux blonds presque blancs, il était si laid qu’on l’aurait cru lui-même un accessoire de cotillon : le monsieur sur le dos duquel on embrasse les autres.

Un gros personnage roux, à favoris côtelettes, décoré, un ami du Donalger diplomate, eut un succès en entrant poudré à frimas, et se frottant les mains d’aise. Cela se répandait partout, sur son habit noir, sur ses gants jaunes ; il enfarinait tous les voisins, portant une tête si bon enfant, tellement heureux de se mêler aux jeunes qu’on le tolérait. Il occupait son ami le diplomate sourd, et c’était une bénédiction de les voir tous les deux à une petite table, se regardant à travers leur coupe de champagne, sans