Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/166

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Si doucement qu’il eût parlé, elle sauta en arrière, saisit quelque chose de brillant sur une table de toilette, ou le papillon de diamant qui terminait sa perruque ou l’un des couteaux… et lança le couteau au hasard, de toutes ses forces.

Le jeune homme, instinctivement se couvrit la poitrine de son chapeau, mais il eut la main piquée.

— Oh ! Éliante ! C’est moi… vous auriez pu me tuer ?

Ils demeurèrent une seconde à se regarder, haletants.

Le temple où s’érigeait le grand vase blanc s’était transformé en cabinet de toilette, et un immense miroir dissimulait la fameuse potiche.

Éliante se mit à rire, nerveusement, puis, sans transition, s’abattit dans les bras du jeune homme.

— Chéri ! Chéri ! Je ne voulais pas le faire ! Je ne voulais pas te faire de mal ! Mon cher petit ami d’amour… Vois-tu, c’est plus fort que moi l’idée qu’on va me surprendre… me violer… je ne peux pas endurer cela…

Elle se suspendait à son cou, démasquée, décoiffée, toute ravie de plaisir et d’émotion, le visage bouleversé et les yeux étincelants.

— Pas aimable votre joli couteau !