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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/17

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Il avait marché sur cette jupe parce qu’il ne voyait plus que la femme.

Elle continua, descendit royalement, redevenue grave.

Au dernier palier et à la troisième servante de marbre, l’employé du vestiaire lui offrit une sortie de bal, un fouillis fantastique de toutes les nuances de l’arc-en-ciel, une écharpe d’orient aussi vaste qu’une tente de chef arabe, une espèce de drapeau barbare, tapis de harem, étendard de mosquée, ancien châle de bayadère, une chose indescriptible dans laquelle cliquetaient des perles avec des lames de sabres. Ses frêles mains noires eurent vile raison de l’immense oriflamme ; elle se drapa en quelques mouvements de chat qui pénètre sous la couverture d’un lit, et se voila très soigneusement les lèvres, ayant probablement peur de tousser.

L’homme arrêté là-haut rejoignit l’employé du vestiaire, demanda son pardessus, un simple pardessus de drap pauvre, et il suivit encore machinalement ce flot de soieries lumineuses qui s’engouffrait dans la nuit de la rue après avoir masqué la nuit de la femme.

Sa destinée le roulait derrière la traîne noire, parmi tous les reflets miroitants que soulevait l’astre oriental tombé sur cette eau profonde, mystérieuse, la couvrant d’un mensonge de plus.