Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

crises de jalousie terrible, parce que je n’étais plus là. Il m’écrivait des lettres affreuses… qui m’empêchaient de dormir. Il tomba tout à fait malade, donna sa démission et mourut chez moi, gâteux. (Elle ajouta d’un ton enfantin :) La petite médaille, dis, d’où te vient-elle, Léon ?

— De ma mère, lui répondit Léon atterré.

— Tu me permets de la garder ? Elle me préservera du mauvais sort.

— Bien sûr ! quel rapport ? Éliante ? Tu mens ! tu dois mentir… pourquoi me mens-tu ?

— Non, il y a une fournaise en moi. Je suis habitée par un dieu.

il y eut un silence pénible.

— Éliante ! Voulez-vous m’épouser ? Dotez votre nièce de toute votre fortune, ne conservez que les bibelots que vous aimez, et venez avec moi. Je vous guérirai… ou nous en mourrons.

Elle se détourna, arrangea sa figure devant la glace.

— Allons, je vais m’habiller ! Je passerai une toilette sur mon maillot, et nous remonterons ensemble, puisque tu veux rester là.

Elle enleva sa ceinture de velours.

— Tiens, dit-elle tristement, donne-moi tes deux mains… et jure d’être sage… c’est au médecin que je m’adresse.