Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/218

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— Léon, murmura-t-elle doucement, quand il fut un peu calmé, Léon, mon enfant chéri, je regrette bien ma démarche. Les torts de Missie ne sont pas graves. En somme, elle a été jalouse, et elle a exagéré. Le souvenir qui caresse une phrase déjà lointaine la rend quelquefois plus sonore. N’ayez pas d’aversion pour elle. Elle est aigrie. Songez à ce qu’elle me doit. C’est toujours si amer d’être sous une dépendance… et elle m’a aimée instinctivement, plus que ne le comportait son intelligence ! Je n’ai pas voulu vous voir, moi, en état d’infériorité ni vis-à-vis de moi, ni vis-à-vis d’elle, et j’ai eu tort de mon côté. Elle s’imagine que le mariage ou… l’union libre, c’est plus fort que l’amour, et elle a commencé par la lutte pour la vie avant de songer à s’immoler elle-même. Maintenant elle souffre, simplement. Mon cher enfant, nous vous rendons toute votre liberté. Ne revenez pas… d’ailleurs, vous êtes guéri, c’est l’essentiel.

Elle se dirigea vers la porte.

Léon Reille se souleva un peu pour la voir partir.

— C’est tout, bégaya-t-il, c’est déjà fini ? Vous me laissez sur ce mot… et vous croyez à ma guérison, madame Éliante ?

— Avant de vous répondre, Monsieur, il faut