Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il contempla très douloureusement le petit bonnet de folie à grelots d’argent, l’accessoire de cotillon, qui ornait la glace de la cheminée.

— Voilà tout ce qui me restera d’elle… et encore je n’ai pas su la faire danser, profiter d’une valse… comme un homme du monde.

Ses yeux s’abaissèrent, mornes.

Ils aperçurent, pelotonné au coin du feu, semblable à un frileux petit animal roulé en boule, un manchon noir doublé de satin blanc.

Il poussa un cri, un cri de gamin qui découvre un nouveau joujou.

Elle avait oublié son manchon.

Il s’assit et le prit avec précaution sur ses genoux.

— Ah ! mon gaillard ! Je te tiens ! Il est clair que ce ne sera pas pour te garder ici ! Au fait… elle va revenir… (Il s’élança à la fenêtre et l’ouvrit.) Non… elle est bien partie. La voiture, là-bas, c’est le coupé que je connais trop ! C’est étrange, elle a oublié quelque chose du décor, dans sa vie !… Elle m’aime peut-être un peu… Juste de quoi faire un manchon pour ses jolies mains, un tout petit coin de chaleur. La sacrée statue d’amoureuse ! Ai-je été bête de pleurer devant elle. Ça ne m’arrivera pas une seconde fois… Sans compter qu’elle va l’aller raconter à cette autre bécasse, le trottin savant ! Si je la