Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/298

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tout ce qu’elle voulait, imitait à ravir, puis comme le grincement de mandolines, qui s’accordent ou jurent ensemble.

Le paravent s’écarta.

— Hein ? L’Espagne ! cria Léon, se soulevant sur un coude, et mettant sa main au-dessus de ses yeux pour les protéger.

— Ollé ! Ollé ! répondirent les jeunes filles en écho.

Et le grondement de la danse espagnole s’accéléra, bourdonnant et violent avec des notes, vibrant tout à coup, en éclat de cristal qui se brise.

Dans le jour froid de l’électricité, sur la toile verte et lisse, ayant pour seul décor un soleil de topaze, une femme parut vêtue d’une jupe de satin jaune, mi-courte et presque collante, une jupe sans les dessous traditionnels du théâtre. On sentait que la femme était misérable et ne pouvait point s’offrir, ni offrir le luxe des dentelles. La robe se recouvrait d’un haut volant de chenilles noires formant réseau. Une ceinture de toréador en soie rouge pliait la taille sans la serrer, et le boléro de satin jaune résilié de chenilles noires, frangé de pompons de velours, s’ouvrait librement sur un buste nu. La ceinture ne montait pas jusqu’aux seins, parfaitement dégagés, des seins droits à leur place