Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/57

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une seconde, encore ! Une seconde à l’Odéon… dans votre quartier…

Il dut s’asseoir sur un canapé Récamier très dur, avec cette demoiselle un peu osseuse, une fille à gros tibias, portant ses coudes comme des manches de pioche et belle de cette trop facile beauté du diable qui ne séduit que les apoplectiques.

— Ma petite tante m’a dit que vous étiez au bal des enfants tuberculeux, Monsieur ? Est-ce qu’ils ont dansé ?

Et elle le regardait en dessous, la physionomie convenablement rosse, les yeux luisants, essayant d’enfoncer la pointe de son naissant esprit de niaise dans la profondeur bleuâtre des yeux du jeune passionné.

— Bien ! pensa-t-il désolé de cette nouvelle aventure, c’est un piège. On ne pourra rien casser du tout. Pourtant si je ne fais pas peur à l’Éliante bourgeoise, je suis fichu, elle va se payer ma tête, je deviendrai le bon petit garçon qui frétille dans la nasse.

Il grommela :

— Mais non, Mademoiselle, on ne danse pas quand on tousse, c’est défendu, et ce serait une plus grande imprudence encore de vous décolleter… d’après ce que je vois.

— Alors vous n’avez jamais vu ma tante