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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/61

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ni ne bougeait, ses yeux clos se traçant au pinceau sur son visage blanc d’ivoire comme des yeux de poupée. Sa petite coiffure modiste lui allait mal, elle était correcte et dignement parisienne, mais elle gardait ses yeux pour elle pour les soirs où elle allait courir sur les toits, et où il est permis de miauler des choses… peu françaises. On ne voyait dépasser de son charme bizarre, excitant et sorcier, que les petits pieds en nez de souris qu’elle posait sur un tabouret pompadour, couleur de crème à la rose.

— Votre nièce est charmante ! risqua Léon, qui s’était levé dans le brouhaha du piano et qui vint se placer derrière le grand fauteuil.

— N’est-ce pas, soupira Mme Donalger parfaitement grave, c’est une excellente fille, fort savante, elle possède des diplômes, et elle pourrait, au besoin, traduire votre… Dieulafoy. Si elle s’amuse à faire l’enfant, c’est qu’elle est persuadée que cela va mieux à son genre de beauté. Je l’aime beaucoup. Celui qui lui causerait une peine, même légère, serait pris en grippe dans cette maison, tenez-vous-le pour dit.

Léon Reille étouffa une violente envie de rire :

— Traduire mon Dieulafoy ? Vous vous