Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/71

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Il y eut toute une semaine de pourparlers à cause de cette scène. Daniel Barbe, qui n’avait seulement pas vu le logement de la dévote, le voulait d’autorité, et le maire, inquiet des suites que pourrait avoir une dispute entre les hussards et les habitants de Dôle, dut employer son influence pour convaincre la dernière des Parnier de Cernogand.

Puis, un dimanche, le colonel, à cheval, reçut les clefs des mains tremblantes de Clémentine ; il paya séance tenante sans vouloir de reçu et donna l’ordre aux plantons de s’escrimer en pleine cour pour déclouer ses caisses. On était vainqueur. Caroline, bien couverte de ses fourrures, visita l’appartement, accompagnée de l’intendant de mademoiselle Parnier. Dès l’antichambre de ce rez-de-chaussée, la jeune femme ressentit une impression d’angoisse ; il lui semblait qu’il ne faisait pas clair, que cela dégageait des relents de salpêtre. L’intendant avait allumé une bougie.

— Le vestibule est un peu sombre, dit-il, mais la chambre du fond reçoit la lumière de la rue, on voit circuler des gens derrière les grilles, c’est juste en face de la poste.

Caroline hochait la tête, elle s’attendait à tout autre chose ; son mari tenait tellement au succès de ses démarches qu’elle avait cru que l’on serait ébloui. Estelle, le sac de sa maîtresse à la main, Tulotte portant Mary, ouvraient la bouche sans oser témoigner leur stupeur.

La salle à manger était immense, lambrissée de