Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/131

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Alors, tout s’éclaira d’une belle lumière. Il avait peut-être aperçu un chrétien vivant, et il voulait le sauver.

Un chrétien dans ces parages, lorsque le naufrage du Dermond-Nestle datait de neuf jours ?

— Hum ! je me dérange. Mon bonhomme, faut surveiller ta chaudière. Elle bout décidément trop fort, et tant de solitude pour commencer ne te vaut rien.

En effet, on ne se figure pas la situation d’un naufragé vivant sur le dos de la Baleine ; il n’y resterait pas trois heures debout ni assis. Pour s’échouer là, il faut être réduit à l’état de pâle molle, de paquet de linge qui ne lutte plus contre sa destinée.

Je me penchai, seulement la pluie brouillait toute perspective, les rayons des lampes se changeaient en vapeur jaune, et l’écueil immergeait à plus de deux cents mètres de chez nous.

La voix de la sorcière s’éloignait toujours.

Il est bon pilote, ce vieux ! pensai-je, résigné à prendre mon parti de toutes ses extravagances.